Turbulences aux canaux de Panama et de Suez: Réorganisation des routes maritimes mondiales

Jean-Marie Miossec, 2024
 

Résumé: Les canaux interocéaniques et les détroits sont des passages resserrés qui présentent des avantages pour la circulation maritime mondiale mais aussi des dangers. Toute perturbation à leur niveau génère une réorganisation des flux. C’est le cas avec les tensions au canal de Panama, affecté par la sécheresse en 2023 et 2024 qui a entravé une partie du trafic. Simultanément, la guerre à Gaza a pour conséquence une quasi-paralysie du trafic maritime en mer Rouge, à Suez et à Bab el-Mandeb, provoquant un contournement de l’Afrique par le Sud pour toutes les grandes compagnies de navigation en particulier de transport conteneurisé. Malgré les efforts des forces navales pour juguler les attaques en mer Rouge, en attente d’une improbable solution diplomatique du conflit israélo/palestinien, le report du trafic modifie l’organisation des routes maritimes mondiales. La Méditerranée centrale et orientale est pénalisée. Les coûts, liés au rallongement des relations, augmentent. L’océan Atlantique connaît un regain qui pourrait entraîner des reclassements pour les terminaux et l’émergence de nouveaux hubs. L’assèchement partiel de Panama, lors d’étés très secs, favorise aussi le flux via l’Atlantique et, avec le dégel annoncé de la banquise, la route maritime du Nord pourrait devenir praticable. L’incapacité de maîtriser changement climatique et maintien de la paix perturbe les échanges internationaux, nécessitant une adaptabilité à une nouvelle donne.